Pages

mercredi 25 janvier 2012

La crise, c'est la faute à l'Allemagne (?)





Ça me fait un peu de peine pour l'Allemagne, que j'ai toujours aimé, depuis le temps où je me faisais insulter parce que je faisais allemand 1ère langue. Mais enfin, ils sont agaçants les Allemands, avec leurs airs de premier de la classe. J'ai une copine semi allemande et alsacienne, qui m'agace en me pronant systématiquement la supériorité de l'Allemagne.
OK, on n'est pas dans l'objectivité ansolue, mais là, vous allez voir, c'est l'OIT qui le dit.
Donc :  l'Organisation internationale du travail estime que l'Allemagne et sa politique économique est "la cause structurelle" de la crise en zone euro, dans un rapport publié mardi 24 janvier.
Je cite : "L'amélioration de la compétitivité des exportateurs allemands est de plus en plus identifiée comme la cause structurelle des difficultés récentes dans la zone euro".
Pourquoi ?
"Les coûts du travail en Allemagne ont chuté depuis une décennie par rapport aux concurrents, mettant leur croissance sous pression". Le travail coûte moins cher, mais le résultat a été de "réduire les revenus du bas de l'échelle (...), notamment dans les services où de nouveaux emplois, essentiellement à bas salaires, sont apparus".
"La politique de déflation salariale n'a pas seulement amputé la consommation, restée plus d'un point de pourcentage en retrait du reste de la zone euro sur la période 1995 à 2001. Elle a aussi conduit à un accroissement des inégalités de revenus, à une vitesse jamais vue, même durant le choc de l'après réunification".
Donc, les salaires sont bas, et les gens consomment donc moins en globalité. Les inégalités de revenus se sont accrues.
Conséquences : "Au niveau européen, cela a créé les conditions d'un marasme économique prolongé, car les autres pays membres voient de plus en plus une politique de déflation des salaires encore plus dure comme solution à leur manque de compétitivité". Résulatat, on baisse aussi les salaires chez les voisins de l'Allemagne, donc la consommation baisse partout.
"Plus grave, les pays en crise n'ont pas pu utiliser la voie des exportations pour compenser la faiblesse de la demande domestique car leur industrie ne pouvait pas profiter d'une demande intérieure plus forte en Allemagne", ajoute l'OIT.
Et, cerise sur le gâteau, l'OIT doute que ce tassement des salaires en Allemagne ait crée des emplois : "Les récents succès à l'exportation doivent peu à cette politique salariale et s'expliquent d'avantage par l'orientation géographique des exportateurs allemands vers les marchés émergents dynamiques."





Voilà qui est intéressant.

Car ces réformes et les gains de compétitivité y afférant de l'économie allemande sont régulièrement présentés par Berlin comme un modèle. Notre président Nicolas Sarkozy est tout particulièrement séduit par ce modèle, pensez donc : baisser les salaires pour augmenter la compétititvité, c'est simple, et efficace ! Un vrai bonheur de père Fouettard de l'économie. Les riches adorent prôner l'austérité. 

Cela dit, l'OIT ne découvre rien d'autre que l'eau tiède, car cette analyse, je l'avais déjà lu ça et là sur le Web. Ce qui est étonnant, c'est qu'une institution internationale la fasse sienne. Ce qui en revanche ne l'est pas, c'est que cette analyse ne fasse plus davantage parler d'elle. 

lundi 23 janvier 2012

François Hollande au Bourget



Ça y est, le premier grand meeting de François Hollande a eu lieu. Un meeting qui le place au niveau présidentiel, en adversaire largement à la hauteur de Nicolas Sarkozy.

« Le changement, c'est maintenant. L'espérance, c'est maintenant. La République, c'est maintenant ! » Tels furent les mots de conclusion de François Hollande, une conclusion qui ressemble à un commencement.
Environ 20.000 personnes sont venues le soutenir, parmi lesquels les principaux leaders socialistes, mais aussi Robert Hue ou Mazarine Pingeot et Yannick Noah, ce qui était à mon avis une mauvaise idée, mais passons. Leur enthouasiasme ne laisse place à aucun doute sur la personnalité du candidat : c'est bien lui le leader du PS.
Dans son discours, François Hollande n'a jamais nommé Nicolas Sarkozy, tout en s'en prenant à la « dégradation » du pays. Il a également donné une définition exhaustive de ce que signifiait pour lui "présider la France" :  «se dévouer à l'intérêt général, (...), se situer avec hauteur, se montrer digne partout, (...), c'est refuser que tout procède d'un seul homme, faire respecter les lois par tous, sans faveur pour les proches, sans faiblesse pour les puissants », « accueillir les étudiants étrangers », « ne pas inviter les dictateurs en grand apparat à Paris », « montrer l'exemple y compris dans son comportement et pour sa propre rémunération ».
« Toute ma vie, je me suis préparé pour cette échéance », a-t-il dit, lui qui n'a "pas besoin de changer en permanence " pour être lui-Mème. « Je vais vous confier un secret, a-t-il ajouté. J'aime les gens alors que d'autres sont fascinés par l'argent. » Toujours sans nommer Nicolas Sarkozy.
Enfin, il a lancé : « Mon véritable adversaire n'a pas de nom, pas de visage, pas de parti et ne sera pas élu... et pourtant il gouverne : cet adversaire est le monde de la finance ! » Selon lui, « les banques sauvées par les Etats mangent la main qui les a nourris », il a donc prêché en faveur de la séparation des activités de crédit et des activités spéculatives.
Sur le plan social, il a évoqué les problèmes de logements, la retraite à 60 ans, les questions de sécurité, de délinquance, non limitée au seul périmètre de la banlieue. Sur la question européenne, il n'a pas été très clair, ni sur la fameuse question du financement de 60 000 profs supplémentaires.
L'UMP est sans doute prise au dépourvu par le succès de ce meeting  et les réactions ont été lentes. Peut-être ont-ils réussi à se persuader que le candidat Hollande allait finir par s'effondrer. Il n'en est rien. Hollande a franchi une étape décisive, qui ne préjuge en rien de sa victoire, mais le place définitivement au rang de favori.

Petite revue de liens sur le sujet :

Les blogueurs de gauche sont emballés (dans l'ensemble) :

Partageons mon avis lui consacre plusieurs billets mais il détaille les propositions dans l'un d'eux.

Sarkofrance insiste sur la piètre qualité des réactions de l'UMP. En coulisse, il est sobre et technique.
Yann Savidan est séduit. Romain Pigenel est emballé (mais avec subjectivité).

Pourtant, curieusement, les blogueurs de droite ne sont pas convaincus.

Que du flan ! s'écrie L'Hérétique. Falconhill s'inquiète déjà (c'est un signe ?) du futur esprit critique des blogeurs de gauche avec un Hollande président, et se félicite du beau temps dans le Gard. Je ne connais pas des masses de blogueurs de droite, ou je les trouve rasoirs, bref, je n'ai rien noté d'autre.

Les sites.

Sur Atlantico, Anita Hausser estime que le lancement de la campagne est réussi.

J'aime beaucoup le Figaro : on chercherait vainement en Une une mention du nom du candidat, l'article qui évoque avec une immense sobriété le meeting s'intitule : Banques, services publics : un projet très socialiste. On voit bien le message, mais c'est fort mou. On y adjoint un article sur les militants PS qui sont rassurés et prêts à en découdre, et l'insubmersible Copé, qui devait être le seul disponible à chaud. On sent le malaise.
Certes, maintenant Hortefeux s'y met, mais c'est un peu tard, et puis c'est Hortefeux.

Le Monde avoue sa surprise. L'Express constate. Marianne estime qu'Hollande se révèle finalement dur. (ouais). Voici aussi l'avis de Guillaume Tabard.

Je ne vais pas tous les faire, mais l'impression globale qui se dégage est la surprise du côté des journaux, point trop condescendants, plutôt agréablement surpris, et le peuple socialiste, qui se trouve de vraies raisons d'espérer.

Personnellement, ce qui me réjouit, c'est le KO de cette odieuse UMP.

dimanche 22 janvier 2012

Comment Nicolas Sarkozy suggère un retrait prématuré des troupes françaises, qu'il n'a pas l'intention d'effectuer



Pas facile, d'être Président, n'est-ce pas, cher Nicolas Sarkozy. On le voit avec la dernière valse hésitation suite à la mort de quatre soldats français à Kaboul, ou comment dire blanc en faisant noir, ou l'inverse.
Tout commence le 20 janvier, avec l'annonce du meurtre de 4 militaires français, non armés, parce qu'ils étaient dans le camp et s'entrainaient, par un soldat de l'armée afghane, théoriquement alliée des Occidentaux. Le soldat afghan, commodément désigné apr le terme de "taliban infiltré", a tiré sur les quatre soldats - s'il avait d'autres motivations, on ne les connaîtra pas.
Réaction médiatique de Nicolas Sarkozy :
Dans l'opinion française, le bourbier afghan est impopulaire. Donc, vendredi 20 janvier, lors de ses vœux au corps diplomatique, Nicolas Sarkozy a annoncé la suspension des opérations de formation et d'aide au combat de l'armée française auprès de l'armée afghane. "Je ne peux pas accepter que des soldats afghans tirent sur des soldats français", a-t-il souligné. "Si les conditions de sécurité ne sont pas clairement établies, alors se posera la question d'un retour anticipé de l'armée française".
"L'armée française est au côté de ses alliés, mais nous ne pouvons pas accepter qu'un seul de nos soldats soit tué ou blessé par nos alliés. C'est inacceptable, je ne l'accepterai pas", a-t-il poursuivi.
Ce qui, on en conviendra, ne mange pas de pain. On peut toujours poser des questions, il faut juste ne pas craindre les réponses. On a seulement l'impression que l'on va retirer les troupes françaises d'Afghanistan, puisque l'on "pose la question".

Entre 2007 et 2012, le nombre de soldats français en Afghanistan a été multiplié par 3.
Pourtant, venant de Nicolas Sarkozy, l'idée d'un retrait anticipé a de quoi surprendre.
En 2007, lorsque Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir, la France avait 1 000 soldats en Afghanistan, un "minimum syndical" voulu par Jacques Chirac. Quelques temps après son entrée à l'Elysée, il porte ce nombre à 1600 (décembre 2007).
En 2008, pour marquer le retour de la France dans l'Otan, ce chiffre passe à 3 000 hommes,  4 000 fin 2009. Depuis la mort d'Oussama Ben Laden, le retrait progressif des troupes françaises est programmé, avec un premier départ de 400 soldats, fin 2011.
Mais il reste néanmoins un contingent de 3 600 soldats français en Afghanistan, dont 600 devraient partir courant 2012, pour ramener le nombre de soldats français à 3 000 dans un an. Et terminer définitivement leur mission en 2014.

Donc, que veut dire Nicolas Sarkozy, quand, matamore comme à son habitude, le visage fermé de douleur, il s'écrie devant une caméra : "Si les conditions de sécurité ne sont pas clairement établies, alors se posera la question d'un retour anticipé de l'armée française".
Eh bien, il veut dire exactement ce qu'il a dit : On se pose la question. Ce qui nous donne : "faut-il précipiter le retour des troupes françaises d'Afghanistan ?"
La question est posée.
Et maintenant, la réponse.
Longuet répond, ou plutôt, meuble, en atendant. En visite en Afghanistan, il rappelle que la mission de l'armée française "est exactement la même, faire émerger une force stable", "pour transmettre le relais" aux Afghans. "Tout l'enjeu de cette visite est d'évaluer l'attitude que nos responsables doivent prendre".
Selon Libération, Nicolas Sarkozy a envoyé Gérard Longuet dans le but de quantifier la dangerosité de la mission des soldats français, qui forment des militaires afghans en Afghanistan. Celui-ci devra, à son retour, rendre compte à Nicolas Sarkozy des mesures que les autorités afghanes s'engagent à prendre pour assurer la sécurité du contingent français.
Lors qu'il a été interrogé sur un éventuel retrait prématuré des troupes françaises, Longuet a répondu: "J'en parlerai avec le président de la République. C'est mon seul patron".

Bref, de réponse claire, on ne voit guère s'en profiler à l'horizon. Et, en l'occurence, ne pas répondre clairement à la question, ça semble bien vouloir dire que Nicolas Sarkozy va attendre.
Il a raison. Attendre que l'on passe à autre chose.
Il aura le choix. On arrivera bien à dégoter dans l'actu une bourde de Morano, un mineur assassin, un violeur récidiviste, une nouvelle réunion de sauvetage de l'euro, bref, un contre feu quelconque.
Il a raison. Pourquoi répondre à la question ? Il a fait ce qu'il fallait, afficher un air outragé, et maintenant, il va faire ce qu'il fait le mieux : ne pas régler le problème.

Source : Le monde, Le Point, Libé.

mercredi 18 janvier 2012

Alors, M. Guéant, cette délinquance, elle baisse ou elle baisse pas ?

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a présenté mardi 17 janvier le bilan 2011 de la délinquance. C'est la période de l'année qui veut ça. Bilan global : baisse de la délinquance générale mais explosion des cambriolages.

Ça, ça m'intéresse. Je me pose toujours la question de savoir si oui ou non elle augmente, cette fichue délinquance. Observons les chiffres.

1. La diminution de la délinquance générale est de 0,34 %, ce qui a valu, ce vendredi, à Vitré en Ille-et-Vilaine, un Claude Guéant s'exprimant en ces termes : "En 2011, à nouveau, nous avons eu un recul de la délinquance". C'est le "à nouveau" le plus savoureux. Oui, vous me direz : on a l'habitude. Certes, mais je note.

Claude Guéant nous certifie l'exactitude des chiffres fournis, sur RTL : "La façon dont je présente les choses aujourd'hui sera sans doute la dernière parce qu'on peut aller vers un système plus moderne, mais il n'empêche que ce que je présente est rigoureusement exact".

Le chiffre rigoureusement exact qu'il présente est le chiffre unique de la délinquance, qui englobe aussi bien les vols à l’étalage que les meurtres d’enfants. Même l' Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales, pourtant dirigé par Alain Bauer, un ami du chef de l'Etat, récuse ce procédé, qui n'aura probablement plus cours l'année prochaine.

OK, donc, si je comprends bien, ce chiffre en tant que tel ne veut rien dire, comme nous l'explique Sébastien Roché sur Rue 89 : un pays qui compterait 100 vols de portables serait, à prendre les chiffres pour ce qu'ils paraissent, deux fois plus dangereux qu'un pays où on compterait 50 homicides.


2. L'explosion des cambriolages, mais d'où sort-elle ? En présentant son bilan, Guéant a fait quelque chose de fort habile, dans la droite ligne de sa politique relative à l'immigration : toujours sur RTL, il a pointé la hausse de 16% des cambriolages dans les résidences principales et secondaires. Un chiffre du à «un phénomène nouveau qu'il est très difficile de combattre qui est celui des raids menés par des personnes originaires d'Europe centrale ou orientale ».
Nous y sommes. On sort de la thématique de la sécurité pure, on entre dans une autre thématique.
Pour étudier le lien entre délinquance et immigration, nous explique l'excellent article de Tefy Andriamanana, on a des chiffres, qui viennent soit d'une étude de 2005 de l’ONDRP, donc guère résente, mais néanmoins valide (une nouvelle étude doit être présentée en février), à défaut de chiffres plus résents, soit du ministère de la Justice, relatifs aux condamnations et pas seulement aux seules interpellations.

L’étude de l’ONDRP indique que 13,7% des mis en cause pour atteintes aux biens et 14,2% pour atteintes à la personne (hors vols avec violence) sont des étrangers. Et qu’entre 1996 et 2005, « le nombre de Français et d’étrangers mis en cause a fortement varié » entre hausse et baisse. Et entre 2003 et 2005 « le nombre d’étrangers mis en cause baisse (- 9 %) alors que celui des Français augmente (+ 5,3 %) ».

Quant aux chiffres du ministère de la Justice, ils donnent des informations très proches : en 2010, 12,64% des condamnés pour crimes (punissables de plus de 10 ans de prison) sont des étrangers ; 12,58% des condamnés pour les délits sont des étrangers. Mais là encore, la variation année par année reste faible : entre 2007 et 2010, la part de condamnés étrangers a varié entre 12,23% et 12,64% pour les crimes et entre 11,8% et 12,58% pour les délits.

Il y a en effet une surreprésentation des étrangers dans la délinquance, mais dans des proportions moindres que Guéant ne le prétend.

L’objectif du ministre est de donner une pseudo-validation statistique à la propagande UMP, et jouer sur le sentiment d'insécurité, c'est-à-dire l'insécurité ressentie par les Français. Dans une perspective où la "délinquance globale" diminue, le fait que la délinquance étrangère augmente de façon si notoire appelle une conclusion épidermique et simple, qui plaira certainement beaucoup à Marine Le Pen.

3. Derrière la baisse de 0,34% de la délinquance générale, on note que les violences contre les personnes ont augmenté de 8% depuis 2007. De même, les violences physiques non crapuleuses (pour un motif autre que le vol) ont augmenté de 0,2% entre 2010 et 2011 et de 10,1% depuis 2007. Ce qui permet, à rebours de mes précédentes observations, à la gauche de fustiger, dénoncer, pointer du doigt, (rayer la mention inutile) l'échec de Nicolas Sarkozy.

Mais là encore, il ne faut pas de prendre des vessies pour des lanternes, comme le rappelle le blog Désintox. En effet, depuis quinze ans, les atteintes aux personnes enregistrées progressent. Pourquoi ? J'ai trouvé l'explication .

D'abord, parce que l' élargissement du nombre des «circonstances aggravantes» ont amené des agressions jusque là classées comme des contraventions à être enregistrées comme des délits. Donc, des faits qui n’y figuraient pas auparavant sont inclus dans les statistiques de la délinquance. Exemple, depuis 1994, une agression, quelle que soit la durée de l’incapacité totale de travail de la victime, est un délit si elle est le fait du concubin ou du conjoint de la victime. Ce type de modification est une des raisons de l’augmentation du nombre de faits constatés.

En suite, parce que le nombre de plaintes enregistrées dépend aussi du nombre de plaintes déposées. Or, sur ce point, les comportements se modifient : la police, mieux formée sur ce sujet, collecte plus systématiquement ce type de plaintes, que les victimes, de leur côté, sont incitées à déposer (elles sont encore moins de 25% à le faire en cas d’agression, et moins de 10% quand il s’agit de violence au sein du ménage). Exemple de la Seine-Saint-Denis : entre 2004 et 2007 une hausse de 87% des violences par conjoint a été enregistrée. Or, les conjoints de ce département ne sont pas brusquement devenus plus violents dans cette période : en fait, le département et les associations avaient mené une politique volontariste contre la violence conjugale, aboutissant à de nombreux dépots de plainte.

Du coup, paradoxalement, «l’augmentation des faits constatés peut être une bonne nouvelle, parce qu’elle peut signifier que de plus en plus de victimes se font connaître. Ce qui ne veut pas dire qu’il y a de plus en plus de victimes».

De leur côté, les enquêtes de victimation, au cours desquelles on interroge des échantillons de population sur les délits dont ils ont été l’objet, ne montrent pas d'augmentation des violences. Or, ces chiffres-là, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays, ne sont jamais citées par les politiques français, plus friands de statistiques de l’activité policière.

Bref, il est donc difficile de faire une lecture du bilan en terme d'efficacité sarkozyste. La méthode de Guéant, qui consiste, dans l'immédiat, à placer sous les projecteurs les "malfaiteurs venus de l'étranger, notamment d'Europe centrale et orientale", après s'être félicité de la baisse globale de la délinquance, est purement opportuniste et ne signifie pas grand chose. Les hurlements de la gauche, qui démoncent l'échec de Sarkozy, ne signifient pas grand chose non plus.
Si je me laissais aller, je dirais qu'ils sont tous en train de nous mener en bateau.

vendredi 13 janvier 2012

Echange entre Sarkozy et Martine Aubry à Lille



Ça a eu lieu hier, jeudi 12 janvier, à Lille. Martine Aubry attend Nicolas Sarkozy au pied de la tribune, alors qu'il a présenté ses voeux aux fonctionnaires, dans la cadre de sa grande tournée à travers la France.
« La République impose, à l’opposition comme à la majorité, de savoir se parler et se respecter », avait-t-il dit lors de son discours, très donneur de leçon.
Martine Aubry lui rétorque donc : « Ce que vous avez dit, vos derniers mots, faites-le partager à M. Accoyer! Et si on pouvait arriver à monter le niveau de ce débat, la République et la France y gagneraient. »
(La veille, mercredi, Bernard Accoyer, le président de l'Assemblée nationale, avait estimé que l’arrivée de la gauche au pouvoir aurait des conséquences comparables « à une guerre »).
Or, Sarkozy n'en peut mais. Il pourrait l'envoyer promener, mais une caméra est surement là occupée à filmer, pas question de se laisser aller à une réaction trop épidermique. Ou bien, pris au dépourvu, ne sait-il pas réagir autrement qu'avec sincérité et mesure ? Bref, sa réaction :  « Faites-le partager à François Hollande quand il parle de moi.
«Oh... Mais...» commence Martine Aubry.
- Mais je partage votre avis d’ailleurs sur Accoyer.
La première secrétaire du PS répond que François Hollande «ne parle jamais de (lui) comme Mme (Nadine) Morano ou M. (Bernard) Accoyer parlent de nous».
Et rebelote de Sarkozy à la fin de l'échange :  "Sur Accoyer, vous avez parfaitement raison".
Qu'en pense Bernard Accoyer ? Il ne regrette pas ses propos sur la "guerre". En effet, ceux-ci ont été seulement sortis de leur contexte... Il faut donc re-contextualiser pour comprendre.
Comme Estrosi quand il parle du Fouquet's comme d'une brasserie populaire.

En vidéo.

lundi 2 janvier 2012

Le premier jour du reste de sa vie, ou Sarkozy marathonien



Ça commence maintenant, tout de suite, sur le champ. Pas encore déclaré, mais candidat inamovible, Nicolas Sarkozy aborde l'année 2012 dans la souffrance ; je suis convaincue que ça le dope. Hélas. Et de surcroît, à force de le regarder, je finis par le trouver sympa. Il a réussi à se renfoncer le bling bling dans la gorge, ou quasi. Le cilice de l'austérité lui déchire la peau. Il serre les dents pour se taire et planque sa montre. On a mal pour lui.
Bref. Le petit homme poursuit sur sa lancée discrète mais sûre, point du tout étincelante. Regardons-le, il est dans l'est de la France. En plein hiver. Si c'est pas se faire du mal, ça. Il est allé à Metz pour rendre visite aux personnels ayant travaillé dans la nuit de la Saint Sylvestre. Ça, c'est bien du jargon de la fonction publique. Enfin, il est dans son rôle, et il en profite pur leur refourguer un discours sur l'Europe, ce qui a du les passionner.
Le périple de janvier a été préparé : les mois de janvier, qui est celui des voeux, offrira l'occasion d'un périple structuré aux quatre coins de l'hexagone : Metz, c'est fait ; il y aura Brest, et quelques points stratégiques, comme Lille (le 12), Lyon (le 19), Marseille (le 24) et Paris (en finale), au milieu d'autres déplacements en province.
A chacune de ces occasions, Nicolas Sarkozy casera un message politique. Un proche du chef de l'Etat analyse : « Parce qu’il est en tête dans les sondages, Hollande ne propose rien, ne discute de rien. C’est une erreur que Balladur avait commise en 1995 contre Chirac et ça s’est mal terminé pour lui. Sarkozy, lui, va continuer à être en mouvement. » Sans compter que le mouvement, ça lui va bien.
Le sommet social du 18 janvier sera crucial. Le chomage ne baisse pas, l'activité économique stagne, la récession est à nos portes, le gouvernement est condamné à agir, d'une façon ou d'une autre (formation accrue des chômeurs, instauration d’une TVA sociale, plus grande flexibilité du travail - des mots, plus que jamais).
C'est la crise, et comme l'a confié en privé Nicolas Sarkozy, il ne lui est pas possible de se déclarer déjà en campagne, sous peine de se le voir reprocher par les Français. L'opposition a beau protester, il n'a pas le choix, ce qui est fort commode : le prétexte d'être dans l'action jusqu'au bout lui permet de reculer sa déclaration de candidature, à toutes fins utiles.
Etre dans l'action jusqu'au bout, une façon aussi de contrer son principal adversaire, l'homme des compromis immobiles, François Hollande. Le mouvement et les actions sarkozennes seront propices à une opposition rhétorique à François Hollande, qui sera fustigé pour son immobilisme, son absence de charisme, son inexpérience en politique. Jeudi, les jeunes loups de l'UMP seront reçus à l'Elysée, pour le brief ultime avant le lâcher de la meute.

Les choses sérieuses commencent.


mardi 6 décembre 2011

Standard & Poor's précise sa menace...


Ça y est, le pire se rapproche.... Standard and Poor's (S&P) précise ses menaces sur 15 pays de la zone euro sur 17, dont les six pays encore noté AAA.
Hier soir, lundi 5 décembre, l'agence de notation américaine a placé la note de 15 pays de l'Eurozone sous surveillance, avec perspective négative. Parmi ces pays, on note la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Finlande et l'Autriche. Ils perdraient leur "AAA".
Cette décision est la dernière étape avant la dégradation pure et simple. Si Chypre et la Grèce n'ont pas été visée, c'est que la note de Chypre était déjà sous surveillance avec implication négative, et que celle de la Grèce, en défaut de paiement, n'a pas été placée sous surveillance.
La France est menacée d'être dégradée de deux crans (de AAA vers AA ou AA+), et c'est par ailleurs la première fois que l'Allemagne, première économie européenne, se voit mise en danger par une agence de notation.
La décision devrait être rendue rapidement, "aussi vite que possible après le sommet européen du 8 et 9 décembre", selon l'agence de notation américaine.
Le sommet de Bruxelles prend donc des allures sinistres d'opération de la dernière chance (la vraie, cette fois)  pour sortir de la crise de la dette.
Inévitablement, lors de la rencontre d'hier entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, et sur fond de polémique (germanophobie ou pas germanophobie de la gauche), les deux dirigeants ont, une fois de plus, annoncé un accord franco-allemand "complet" sur le renforcement de la gouvernance de zone euro. Bref, rien de nouveau, si ce n'est que comme on l'avait compris (mais on ne nous l'a pas dit très très fort, on a laissé l'idée arriver doucement doucement sans en débattre) lors de la précédente opération de sauvetage de la zone euro, il faudra réécrire les traités européens ; cette fois, on sait que cela débutera dès le mois de mars ; le nouveau traité serait ratifié en mai-juin 2012.
Si Standard & Poor's menace ainsi l'euro, c'est que les tensions systémiques augmentent : il s'agit des conditions de crédit plus dures, des primes de risque plus élevées demandées pour des obligations souveraines, y compris celles émises par des pays notées "AAA", des désaccords persistants entre dirigeants européens sur la manière de sortir de la crise, de l'endettement très élevé dans une bonne partie de la zone euro et du risque accru de récession.
C'est Noël.
Face à cette menace, la France et l'Allemagne se sont faites toutes petites ; soumises comme elles le sont aux marchés financiers, elles ont déclaré, une fois de plus, dans un communiqué commun que la stabilité de la zone euro était leur premier objectif. On ne voit pas bien comment elles auraient pu affirmer le contraire.
Le ministre de l'économie, François Baroin, a assuré, de son côté, que "tout était fait pour protéger les économies des Français".  L'Etat n'aurait pas besoin de participer à une augmentation du capital des banques françaises.
Tout en admettant que la zone euro n'allait "pas bien", et qu'il fallait absolument "restaurer la confiance" auprès des marchés, il a rappelé que l'agence de notation reconnaissait cependant que la France était un "pays sérieux". On se demande ce que vaut une telle affirmation sur les marchés financiers. Essayons d'aller emprunter de l'argent en argumentant que notre pays est sérieux...
La ministre du budget, Valérie Pécresse, a bien entendu également communiqué sur le sujet : selon elle, "l'urgence" est d'apporter une "réponse européenne crédible et d'ensemble" pour faire face à la menace de dégradation des notes accordées par Standard and Poor's. Elle non plus, on voit mal comment elle aurait pu affirmer le contraire.
Valérie Pécresse a même réussi à positiver la situation, ce qui est très fort, et ne mange pas de pain, mais on peut tout attendre d'un parti en campagne : "On peut voir cet avertissement comme un encouragement à apporter une réponse très forte et à afficher une unité européenne sans faille" lors du sommet européen de jeudi et vendredi. Valérie Pécresse a donc réussi à trouver un point encourageant dans la situation: joli.
Pour finir, la ministre du Budget en a appelé à une "union monétaire et budgétaire complète", vu que "la mise sous surveillance des six économies triple A de la zone euro montrent que leurs destins sont étroitement liés". A force de le répéter, on va finir par comprendre.
Je résume : l'agence de notation est un peu sèche (l'américain reste un cow boy) , mais au fond, tout ça va s'arranger, ça n'est que pour nous inciter à conclure l'union budgétaire européenne et à nommer des technocrates justement sortis des agences de notations comme ministres de finances (plutôt que de bidouiller nos affaires financières comme des amateurs, suivons les exemples grecs et italiens...).