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vendredi 28 octobre 2011

Sarkozy à la TV : la France plonge, c'est la faute des socialistes


Ce que je retiens de l'intervention télévisée de Nicolas Sarkozy :
- D'abord, la crise, c'est la faute aux socialistes.
Eh oui, car il ne fallait pas, selon Nicolas Sarkozy, accepter la Grèce dans l'euro. Et il n'était pas en fonction (ni Angela Merkel) quand la chose a été faite. Eh non. C'était en 2001. Et qui gouvernait, en 2001 ? [Lionel Jospin : NDLR] Et toc.
De même, les erreurs socialistes ont conduit la France dans le gouffre : la retraite à 60 ans en 1983 et les 35 heures en 2002, eh bien voilà, c'est l'heure du bilan.
On sent qu'il était temps de commencer à tirer sur l'adversaire politique, qui a marqué un peu trop de points dernièrement. Son rôle : tenter de sortir la France de l'ornière où les socialistes l'ont mise il y a déjà très longtemps (puisqu'on remonte à 1983). Ce qui ne signifie nullement qu'il sera candidat, naturellement. Il dit juste ça comme ça.
- Pourtant, les socialistes n'ont pas que de mauvaises idées :
Nicolas Sarkozy nous ressert, à peine déguisée, une idée de Martine Aubry. Il s'agit du concept de "réciprocité" dans les échanges internationaux, qui sonne un peu comme le "juste échange" de Martine Aubry. On sent que son équipe a suivi les débats de la primaire socialiste avec attention. Heureusement que les socialistes sont là pour fournir le gouvernement (qui tire un peu la langue) en concepts.
- Bon, soyons honnêtes, la crise, même pour Nicolas Sarkozy, c'est aussi la faute aux banques et aux traders.
Mais leur sort est déjà réglé : on le sait, il l'a promis il y a 3 ans, les bonus et rémunérations des traders vont rentrer dans des proportions normales... d'ici à l'été 2012. À force de le répéter, on va finir par y croire. Comment va-t-on faire ? C'est pas la question. ça va rentrer dans l'ordre on vous dit.
"Nous avons demandé aux banques que la "quasi-totalité de leurs fonds propres servent à l'augmentation de leurs fonds propres plutôt qu'à la rémunération de leurs actionnaires", a-t-il dit. Là encore, on ne sait pas comment on va leur forcer la main, aux banques. À définir après 2012, sûrement.
- Comment résoudre la crise, maintenant qu'elle est là, et même de plus en plus là ?
Par la rigueur ? Non. Mais la gestion rigoureuse, oui. Et attention, ça n'est pas la même chose. Du reste, la France va moins mal que ses voisins : la preuve, il n'y a pas eu de manifestation d'indignés.
Concrètement, la gestion rigoureuse va consister à faire "6 à 8 milliards d'économies" supplémentaires en 2012 (en plus des 11 milliards d'économies décidées en août... vertige). Mais attention, Nicolas Sarkozy n'a “pas été élu pour augmenter les impôts”, un leitmotiv mensonger de son discours. Donc pas d'augmentation "généralisée" de la TVA qui "pèserait sur le pouvoir d'achat", ce qui laisse entrevoir une hausse ciblée. Là encore, on reste muet devant les affirmations sans vergogne du Président, comme si la pression fiscale n'était pas devenue plus lourde sous son quinquennat. On apprécie aussi beaucoup l'évitement soigneux de cet horrible mot de "rigueur", qui a plombé Mitterrand en 1983 et Chirac en 1995.
Mais ce qui me sidère le plus, c'est le projet de "convergence" avec l'Allemagne.
Alors ça, c'est du nouveau, et pas qu'un peu. On n'en a pas entendu parler officiellement une seule fois, et pourtant tout d'un coup, Nicolas Sarkozy remarque : "Ça n'a pas de sens que nous n'ayons pas les mêmes taux d'imposition avec l'Allemagne." ça fait tout de même des années qu'on n'a pas les mêmes taux d'impositions que l'Allemagne et personne ne s'en émouvait plus que ça dans la majorité (ou alors dans les dîners en ville, mais nous n'étions pas invités). Et ça n'est pas le seul point de convergence : "L'impôt sur le bénéfice des sociétés, la TVA, la fiscalité du patrimoine".
Bref, à supposer que, sait-on jamais, Nicolas Sarkozy fasse ce qu'il dit, alors on devrait converger fiscalement avec l'Allemagne. Il nous annonce la première pierre de l'intégration économique européenne - ou de l'Europe allemande, comme ça, tout tranquillement. En attendant, on a tous compris que c'est Angela Merkel et le Bundestag qui vont gouverner la France.
Et c'est Marine Le Pen et François Hollande qui seront rage et colère ce matin.

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