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mardi 6 décembre 2011

Standard & Poor's précise sa menace...


Ça y est, le pire se rapproche.... Standard and Poor's (S&P) précise ses menaces sur 15 pays de la zone euro sur 17, dont les six pays encore noté AAA.
Hier soir, lundi 5 décembre, l'agence de notation américaine a placé la note de 15 pays de l'Eurozone sous surveillance, avec perspective négative. Parmi ces pays, on note la France, l'Allemagne, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Finlande et l'Autriche. Ils perdraient leur "AAA".
Cette décision est la dernière étape avant la dégradation pure et simple. Si Chypre et la Grèce n'ont pas été visée, c'est que la note de Chypre était déjà sous surveillance avec implication négative, et que celle de la Grèce, en défaut de paiement, n'a pas été placée sous surveillance.
La France est menacée d'être dégradée de deux crans (de AAA vers AA ou AA+), et c'est par ailleurs la première fois que l'Allemagne, première économie européenne, se voit mise en danger par une agence de notation.
La décision devrait être rendue rapidement, "aussi vite que possible après le sommet européen du 8 et 9 décembre", selon l'agence de notation américaine.
Le sommet de Bruxelles prend donc des allures sinistres d'opération de la dernière chance (la vraie, cette fois)  pour sortir de la crise de la dette.
Inévitablement, lors de la rencontre d'hier entre Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, et sur fond de polémique (germanophobie ou pas germanophobie de la gauche), les deux dirigeants ont, une fois de plus, annoncé un accord franco-allemand "complet" sur le renforcement de la gouvernance de zone euro. Bref, rien de nouveau, si ce n'est que comme on l'avait compris (mais on ne nous l'a pas dit très très fort, on a laissé l'idée arriver doucement doucement sans en débattre) lors de la précédente opération de sauvetage de la zone euro, il faudra réécrire les traités européens ; cette fois, on sait que cela débutera dès le mois de mars ; le nouveau traité serait ratifié en mai-juin 2012.
Si Standard & Poor's menace ainsi l'euro, c'est que les tensions systémiques augmentent : il s'agit des conditions de crédit plus dures, des primes de risque plus élevées demandées pour des obligations souveraines, y compris celles émises par des pays notées "AAA", des désaccords persistants entre dirigeants européens sur la manière de sortir de la crise, de l'endettement très élevé dans une bonne partie de la zone euro et du risque accru de récession.
C'est Noël.
Face à cette menace, la France et l'Allemagne se sont faites toutes petites ; soumises comme elles le sont aux marchés financiers, elles ont déclaré, une fois de plus, dans un communiqué commun que la stabilité de la zone euro était leur premier objectif. On ne voit pas bien comment elles auraient pu affirmer le contraire.
Le ministre de l'économie, François Baroin, a assuré, de son côté, que "tout était fait pour protéger les économies des Français".  L'Etat n'aurait pas besoin de participer à une augmentation du capital des banques françaises.
Tout en admettant que la zone euro n'allait "pas bien", et qu'il fallait absolument "restaurer la confiance" auprès des marchés, il a rappelé que l'agence de notation reconnaissait cependant que la France était un "pays sérieux". On se demande ce que vaut une telle affirmation sur les marchés financiers. Essayons d'aller emprunter de l'argent en argumentant que notre pays est sérieux...
La ministre du budget, Valérie Pécresse, a bien entendu également communiqué sur le sujet : selon elle, "l'urgence" est d'apporter une "réponse européenne crédible et d'ensemble" pour faire face à la menace de dégradation des notes accordées par Standard and Poor's. Elle non plus, on voit mal comment elle aurait pu affirmer le contraire.
Valérie Pécresse a même réussi à positiver la situation, ce qui est très fort, et ne mange pas de pain, mais on peut tout attendre d'un parti en campagne : "On peut voir cet avertissement comme un encouragement à apporter une réponse très forte et à afficher une unité européenne sans faille" lors du sommet européen de jeudi et vendredi. Valérie Pécresse a donc réussi à trouver un point encourageant dans la situation: joli.
Pour finir, la ministre du Budget en a appelé à une "union monétaire et budgétaire complète", vu que "la mise sous surveillance des six économies triple A de la zone euro montrent que leurs destins sont étroitement liés". A force de le répéter, on va finir par comprendre.
Je résume : l'agence de notation est un peu sèche (l'américain reste un cow boy) , mais au fond, tout ça va s'arranger, ça n'est que pour nous inciter à conclure l'union budgétaire européenne et à nommer des technocrates justement sortis des agences de notations comme ministres de finances (plutôt que de bidouiller nos affaires financières comme des amateurs, suivons les exemples grecs et italiens...).

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