Pages

dimanche 22 janvier 2012

Comment Nicolas Sarkozy suggère un retrait prématuré des troupes françaises, qu'il n'a pas l'intention d'effectuer



Pas facile, d'être Président, n'est-ce pas, cher Nicolas Sarkozy. On le voit avec la dernière valse hésitation suite à la mort de quatre soldats français à Kaboul, ou comment dire blanc en faisant noir, ou l'inverse.
Tout commence le 20 janvier, avec l'annonce du meurtre de 4 militaires français, non armés, parce qu'ils étaient dans le camp et s'entrainaient, par un soldat de l'armée afghane, théoriquement alliée des Occidentaux. Le soldat afghan, commodément désigné apr le terme de "taliban infiltré", a tiré sur les quatre soldats - s'il avait d'autres motivations, on ne les connaîtra pas.
Réaction médiatique de Nicolas Sarkozy :
Dans l'opinion française, le bourbier afghan est impopulaire. Donc, vendredi 20 janvier, lors de ses vœux au corps diplomatique, Nicolas Sarkozy a annoncé la suspension des opérations de formation et d'aide au combat de l'armée française auprès de l'armée afghane. "Je ne peux pas accepter que des soldats afghans tirent sur des soldats français", a-t-il souligné. "Si les conditions de sécurité ne sont pas clairement établies, alors se posera la question d'un retour anticipé de l'armée française".
"L'armée française est au côté de ses alliés, mais nous ne pouvons pas accepter qu'un seul de nos soldats soit tué ou blessé par nos alliés. C'est inacceptable, je ne l'accepterai pas", a-t-il poursuivi.
Ce qui, on en conviendra, ne mange pas de pain. On peut toujours poser des questions, il faut juste ne pas craindre les réponses. On a seulement l'impression que l'on va retirer les troupes françaises d'Afghanistan, puisque l'on "pose la question".

Entre 2007 et 2012, le nombre de soldats français en Afghanistan a été multiplié par 3.
Pourtant, venant de Nicolas Sarkozy, l'idée d'un retrait anticipé a de quoi surprendre.
En 2007, lorsque Nicolas Sarkozy est arrivé au pouvoir, la France avait 1 000 soldats en Afghanistan, un "minimum syndical" voulu par Jacques Chirac. Quelques temps après son entrée à l'Elysée, il porte ce nombre à 1600 (décembre 2007).
En 2008, pour marquer le retour de la France dans l'Otan, ce chiffre passe à 3 000 hommes,  4 000 fin 2009. Depuis la mort d'Oussama Ben Laden, le retrait progressif des troupes françaises est programmé, avec un premier départ de 400 soldats, fin 2011.
Mais il reste néanmoins un contingent de 3 600 soldats français en Afghanistan, dont 600 devraient partir courant 2012, pour ramener le nombre de soldats français à 3 000 dans un an. Et terminer définitivement leur mission en 2014.

Donc, que veut dire Nicolas Sarkozy, quand, matamore comme à son habitude, le visage fermé de douleur, il s'écrie devant une caméra : "Si les conditions de sécurité ne sont pas clairement établies, alors se posera la question d'un retour anticipé de l'armée française".
Eh bien, il veut dire exactement ce qu'il a dit : On se pose la question. Ce qui nous donne : "faut-il précipiter le retour des troupes françaises d'Afghanistan ?"
La question est posée.
Et maintenant, la réponse.
Longuet répond, ou plutôt, meuble, en atendant. En visite en Afghanistan, il rappelle que la mission de l'armée française "est exactement la même, faire émerger une force stable", "pour transmettre le relais" aux Afghans. "Tout l'enjeu de cette visite est d'évaluer l'attitude que nos responsables doivent prendre".
Selon Libération, Nicolas Sarkozy a envoyé Gérard Longuet dans le but de quantifier la dangerosité de la mission des soldats français, qui forment des militaires afghans en Afghanistan. Celui-ci devra, à son retour, rendre compte à Nicolas Sarkozy des mesures que les autorités afghanes s'engagent à prendre pour assurer la sécurité du contingent français.
Lors qu'il a été interrogé sur un éventuel retrait prématuré des troupes françaises, Longuet a répondu: "J'en parlerai avec le président de la République. C'est mon seul patron".

Bref, de réponse claire, on ne voit guère s'en profiler à l'horizon. Et, en l'occurence, ne pas répondre clairement à la question, ça semble bien vouloir dire que Nicolas Sarkozy va attendre.
Il a raison. Attendre que l'on passe à autre chose.
Il aura le choix. On arrivera bien à dégoter dans l'actu une bourde de Morano, un mineur assassin, un violeur récidiviste, une nouvelle réunion de sauvetage de l'euro, bref, un contre feu quelconque.
Il a raison. Pourquoi répondre à la question ? Il a fait ce qu'il fallait, afficher un air outragé, et maintenant, il va faire ce qu'il fait le mieux : ne pas régler le problème.

Source : Le monde, Le Point, Libé.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire