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mercredi 25 janvier 2012

La crise, c'est la faute à l'Allemagne (?)





Ça me fait un peu de peine pour l'Allemagne, que j'ai toujours aimé, depuis le temps où je me faisais insulter parce que je faisais allemand 1ère langue. Mais enfin, ils sont agaçants les Allemands, avec leurs airs de premier de la classe. J'ai une copine semi allemande et alsacienne, qui m'agace en me pronant systématiquement la supériorité de l'Allemagne.
OK, on n'est pas dans l'objectivité ansolue, mais là, vous allez voir, c'est l'OIT qui le dit.
Donc :  l'Organisation internationale du travail estime que l'Allemagne et sa politique économique est "la cause structurelle" de la crise en zone euro, dans un rapport publié mardi 24 janvier.
Je cite : "L'amélioration de la compétitivité des exportateurs allemands est de plus en plus identifiée comme la cause structurelle des difficultés récentes dans la zone euro".
Pourquoi ?
"Les coûts du travail en Allemagne ont chuté depuis une décennie par rapport aux concurrents, mettant leur croissance sous pression". Le travail coûte moins cher, mais le résultat a été de "réduire les revenus du bas de l'échelle (...), notamment dans les services où de nouveaux emplois, essentiellement à bas salaires, sont apparus".
"La politique de déflation salariale n'a pas seulement amputé la consommation, restée plus d'un point de pourcentage en retrait du reste de la zone euro sur la période 1995 à 2001. Elle a aussi conduit à un accroissement des inégalités de revenus, à une vitesse jamais vue, même durant le choc de l'après réunification".
Donc, les salaires sont bas, et les gens consomment donc moins en globalité. Les inégalités de revenus se sont accrues.
Conséquences : "Au niveau européen, cela a créé les conditions d'un marasme économique prolongé, car les autres pays membres voient de plus en plus une politique de déflation des salaires encore plus dure comme solution à leur manque de compétitivité". Résulatat, on baisse aussi les salaires chez les voisins de l'Allemagne, donc la consommation baisse partout.
"Plus grave, les pays en crise n'ont pas pu utiliser la voie des exportations pour compenser la faiblesse de la demande domestique car leur industrie ne pouvait pas profiter d'une demande intérieure plus forte en Allemagne", ajoute l'OIT.
Et, cerise sur le gâteau, l'OIT doute que ce tassement des salaires en Allemagne ait crée des emplois : "Les récents succès à l'exportation doivent peu à cette politique salariale et s'expliquent d'avantage par l'orientation géographique des exportateurs allemands vers les marchés émergents dynamiques."





Voilà qui est intéressant.

Car ces réformes et les gains de compétitivité y afférant de l'économie allemande sont régulièrement présentés par Berlin comme un modèle. Notre président Nicolas Sarkozy est tout particulièrement séduit par ce modèle, pensez donc : baisser les salaires pour augmenter la compétititvité, c'est simple, et efficace ! Un vrai bonheur de père Fouettard de l'économie. Les riches adorent prôner l'austérité. 

Cela dit, l'OIT ne découvre rien d'autre que l'eau tiède, car cette analyse, je l'avais déjà lu ça et là sur le Web. Ce qui est étonnant, c'est qu'une institution internationale la fasse sienne. Ce qui en revanche ne l'est pas, c'est que cette analyse ne fasse plus davantage parler d'elle. 

1 commentaire:

  1. J'ai voulu devenir membre de ton blog, mais cela me jette. J'essaierai une autre fois.
    Merci pour cette note.
    L'Allemagne est restée plus industrialisée que nous car elle a bénéficié du Traité CECA ... qui a organisé la "division du travail industriel" en Europe. Ce fut une lourde erreur.
    Elle a de plus hérité des infrastructures industrielles de la RDA ...
    Néanmoins,elle est en train de casser, un peu plus tard que les autres mais tout aussi sûrement, ce potentiel ... car l'exploitation ultralibérales des ressources y compris les ressources en main d'oeuvre, aboutit à cette casse ...

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