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lundi 3 octobre 2011

Comment expliquer la décision de Jean-Louis Borloo ?


L'annonce de la non candidature de Jean-Louis Borloo a tonifié cette fin de week end, indubitablement. Pourtant, sa décision pouvait être prévisible : Jean-Louis Borloo est un politicien fantasque ; on sait maintenant jusqu'à quel point il peut l'être, c'est tout.
Mais ce qui choque, c'est la soudaineté et les modalités de son annonce : préparée par de nombreuses petites phrases, distillées au fil des jours, complaisamment commentées de part et d'autre de l'échiquier politique, elle n'aurait pas surpris.
En l'occurence, c'est la soudaineté qui choque et puis l'on pense à ses "soutiens" qui doivent se mordre les doigts.
Un sujet de perplexité : quelles peuvent être ses raisons ? Il n'a pas été très explicite. Peut-être ne veut-il pas affaiblir la droite, mais ça fait un an que la droite le lui répète. A-t-il eu besoin d'y réfléchir tout ce temps ? Il a un projet, mais il ne veut pas le défendre, ce qui est du dernier ridicule. En ne se présentant pas, il affaiblit le centre, alors qu'il veut jouer un rôle dans la construction de ce nouvel espace politique. En abandonnant ceux qui ont tout quitté pour le suivre, il joue un rôle dans la destruction de cet espace politique, plutôt.
A-t-il eu peur ? Pourquoi pas. Il s'est peut-être fait peur. Ou bien a-t-il été déçu par l'insuccès de son alliance centriste, s'imaginait-il que des foules galvanisées allaient se précipiter pour adhérer ? Du coup, déçu de l'absence de toute galvanisation, il fait son De Gaulle et part bouder ?
Est-il réaliste qu'un homme politique, qui fut un temps pressenti pour être Premier ministre, s'illusionne à ce point sur l'avenir d'un parti du centre en France ?
Quoiqu'il en soit, les réactions des hommes politiques sont fort différentes de celles de l'homme de la rue (sauf des petits malins et des bien informés, dont nous ne sommes pas).
Selon Maurice Leroy, ministre (Nouveau Centre) de la ville, sur RTL, Jean-Louis Borloo a eu un comportement d'"homme d'Etat" qui reste dans le centrisme et "pas dans l'égocentrisme". Maurice Leroy a même vécu un "moment intense d'émotion" quand l'ancien ministre a annoncé son retrait. Rien à voir avec tous ceux qui ont éclaté de rire.
"En se sacrifiant pour la majorité, Jean-Louis Borloo a souhaité la sauver", ça, c'est le point de vue de Rama Yade, sur RTL, belle joueuse. A moins qu'elle ait d'autres cartes planquées dans sa manche.
Le président du groupe Nouveau Centre à l'Assemblée nationale, Yvan Lachaud, a quand même remarqué qu'il faudra bien désigner un candidat centriste en 2012, pour faire entendre et donner un peu de poids politique aux idées centristes.
Hervé de Charette, co-fondateur de l'Alliance des centres, estime que "c'est une décision qui déçoit ses amis". Mais cette décision est tout de même responsable car "il est vrai que la situation politique de la France ne permettait pas que la voix du centre soit entendue dans des conditions conformes à l'intérêt de la majorité". Qui saisit le sens de cette phrase ? Peut-on m'expliquer ?
Du coup, Hervé Morin est plus déterminé que jamais à se présenter, lui, et il le dit sur twitter. Mais hélas, tout le monde s'en moque.
Pour le président de la Gauche moderne, Jean-Marie Bockel, "tout le collectif qui s'était organisé autour de lui, évidemment aujourd'hui se sent déçu, certains peuvent même se sentir trahis, mais ils ne doivent pas oublier que la décision n'était pas finalisée et que c'est une décision personnelle".
Côté UMP, on exulte, tout en belles formules :
Jean-François Copé estime que Jean-Louis Borloo a pris une "décision empreinte de beaucoup sagesse et de responsabilité".
Sur Europe 1, Bruno Le Maire a salué itou la décision de Jean-Louis Borloo. "C'est une preuve de sagesse. C'est une décision qui est cohérente, responsable et courageuse".
Frédéric Lefebvre, sortant de son silence, a appelé sur Europe 1 à "respecter" la "décision responsable" de Jean-Louis Borloo, "une grande voix de la majorité". Et il s'interdit de faire "partie du concert qui cherche à instrumentaliser la décision de Jean-Louis Borloo".
Nadine Morano, quant à elle, s'est "réjouie" "de voir que (sa) famille politique, avec toutes ses sensibilités, (allait) maintenant se mettre en ordre de bataille pour gagner la présidentielle derrière" Nicolas Sarkozy. Dans son communiqué, la ministre de l'apprentissage estime que le président du Parti radical "a fait preuve d'une grande sagesse malgré la pression de ceux qui le poussaient vers le chemin de la division".
Borloo a réussi à réjouir Nadine Morano... C'est épatant.

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