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samedi 15 octobre 2011

Hollande-Aubry : l'ultime combat


Comment différencier un bonnet blanc d'un blanc bonnet ? Eh bien, c'est tout simple, en faisant des taches de sang sur l'un des deux.
Mais qui fait saigner l'autre ? C'est là toute la subtilité de la chose. Et les partisans de François Hollande (plutôt bien placé, vu que tous les éliminés du premier tour se sont ralliés à lui) l'ont bien compris.
Martine Aubry a donné une interview au quotidien 20 Minutes,  dans laquelle elle a déclaré :  "Le système s'est créé son candidat et nous a matraqués de sondages". Vendredi matin  sur France Inter, elle a quelque peu atténué ses propos, en précisant que François Hollande était le candidat du "système des sondages" tout en soutenant qu'elle n'avait pas "fait de dérapage".
Elle s'est expliqué : "J'ai répondu à une question qui était claire, 'vous estimez que le système médiatique a choisi François Hollande ?' et j'ai répondu 'oui je le pense'; il y a toujours eu pour les sondeurs, les commentateurs, un vote préféré... rappelez vous Barre, Balladur".
Trop tard....
Elle a déchaîné le feu du ciel, et provoqué la variante française de la reductio ab Hitlerum, aussi appelé "point Godwin". En français, la réduction ad Hiterum s'appelle la reductio ad Marina. Il suffit de prétendre que l'adversaire vient d'utiliser un argument à la Le Pen.
Ni une ni deux, les réactions ne se sont pas fait attendre. Hollande : «Il faut arrêter cette escalade, je crois que c'est un dérapage!» Et aussi : que Martine Aubry ne croie pas qu'en «montrant de l'agressivité, on montre du caractère». Et du côté de ses soutiens, choeur des Vierges : «propos inutiles» d'une candidate qui «ne cherche pas le rassemblement» (Valls), «attention à ne pas se tromper d'adversaire» (Moscovici), «carton rouge à Martine Aubry!», «il ne faudrait pas qu'on se gâche la fête des primaires» (Peillon).
C'était facile, il faut dire, et force est d'avouer que Martine Aubry a été maladroite. Parler de candidat du système, comme Marine Le Pen... Pas malin. Ils se sont tous engouffrés dans la brèche, qui a l'immense avantage de dispenser de débat de fond.
Ben oui, parce que sur le fond, bonnet blanc et blanc bonnet se ressemblent tant qu'éviter le débat de fond est une bonne tactique.
Les deux ont le même programme, défendent des propositions similaires sur les plans  fiscal, bancaire, éducatif, institutionnel et européen. La représentante de la "vraie gauche" a travaillé comme directrice des ressources humaines d'un groupe industriel, dans lequel elle a eu l'occasion de se lier d'amitié avec un futur directeur du CNPF, ancêtre du Medef. L'amitié, c'est sacré, mais tout cela fleure le centre gauche plus que la lutte prolétarienne.
L'un des deux jumeaux politiques doit donc tuer l'autre. Mais tandis que les soutiens de Hollande prétendent que Martine Aubry cherche le bain de sang... n'est-ce pas plutôt cette trop facile utilisation du Point Godwin à la française qui prouvent l'instinct de tueur du doux François Hollande et de ses sbires ?

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