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lundi 19 septembre 2011

DSK chez Claire Chazal : pas de surprise


Sur le plateau de Claire Chazal, Dominique Strauss-Kahn s'est dit content de pouvoir s'exprimer.... Etait-on content de l'entendre ? Malgré les multiples dénégations lues ça et là, il semble que oui : il n'aurait pu rester  dans le silence. Et puis, le record d'audience le prouve : 13 millions de personnes voulaient entendre les explications de l'Ex-directeur du FMI.
DSK est apparu le visage grave, forcément, et a affirmé dès le début que "ce qui s'est passé ne comprend ni violence ni contrainte ni agression ni aucun acte délictueux, c'est le procureur qui l'a dit".
Il a du reste brandi à plusieurs reprises le rapport du procureur, pour se retrancher ainsi, non pas derrière ses propres paroles, mais derrière les propos de son premier accusateur. Pourtant, le procureur a seulement signalé l'impossibilité de prouver la violence ou la contrainte, ce qui ne signifie pas leur inexistence.
Il y a certes eu "une relation inappropriée, une faute, vis-à-vis de [sa] femme et de [ses] enfants, de [ses] amis. Mais aussi vis-à-vis des Français",  "une faute morale" dont il n'est pas fier" et qu'il "regrette", "et je crois que je n'ai pas fini de la regretter", a-t-il ajouté.
Et il a rappelé, façon mea culpa light : "j'ai du respect pour les femmes. Je comprends leur réaction. Je comprends que cela ait choqué. (...) Je l'ai payé lourdement. Je le paie toujours".
Rapport du procureur en main, DSK souligne soigneusement que ce dernier "ne m'accuse en rien de traces ou de blessures. Il n'y a rien dans le rapport”. Et il précise également, toujours le rapport du procureur en main : "Le rapport du procureur dit quoi ? Ce ne sont pas mes avocats qui le disent, ce n'est pas moi. Il dit que Naffisatou Diallo a menti sur tout, elle a menti sur les faits, elle a présenté tellement de versions différentes que je ne peux plus en croire un mot, elle a menti à chaque entretien". Le "que je ne peux plus en croire un mot est excessif, le procureur emploie une expression beaucoup plus prudente, puisqu'il fait état de sa difficulté à croire Nafissatou "au delà de tout doute raisonnable".
A propos de la violence qu'il aurait employé : le rapport, toujours invoqué, ne mentionne « ni griffure ni blessure, aucune trace de violence » ni sur lui ni sur elle.
Dominique Strauss-Kahn continue : "Il n'y a pas eu de procès parce qu'il n'y avait plus aucune déclaration qui tienne. La poursuite au civil montre bien les motivations financières qui sont derrière tout cela. La procédure civile va se dérouler, je n'ai pas l'intention de négocier".
Ensuite, il insiste sur ses propres sentiments : la peur. "J'ai eu peur, j'ai eu très peur.  Quand vous êtes pris dans les mâchoires de cette machine vous avez l'impression qu'elle peut vous broyer. J'ai eu le sentiment d'être humilié avant d'avoir pu dire un mot. J'ai beaucoup perdu". A propos de piège ou de complot, il a dit "nous verrons", ce qui laisse planer un doute toujours bienvenu.
A propos de son luxueux appartement de Tribeca, il a invoqué l'urgence : "Que fallait-il faire ? Quand vous avez quelques heures pour vous loger vous n'hésitez pas. Annes avait loué un deux pièces, on n'a pas pu y rester, on a trouvé une location trois pièces il restait trois jours. Il ne restait plus de temps, il fallait trancher, il falait une maison, qui satisfasse les conditions de sécurité. On a trouvé cette maison, je ne l'ai pas aimé, elle a coûté cher, mais c'était ça ou retourner à Rykers Island".
A propos de Tristane Banon : "aucun acte d'agression, aucune violence" n'ont eu lieu. "La version qui a été présentée est une version imaginaire, calomnieuse, d'ailleurs j'ai déposé une plainte, je n'en dirai pas plus".
DSK voulait être candidat en 2012 : "Je pensais que ma situation au FMI me donnait un regard aigu et que je pouvais être utile et apporter des réponses. Tout cela est derrière moi, je ne suis évidemment pas candidat, même si je continue de penser que la victoire de la gauche est nécessaire".
Sans soutenir l'un des candidats, il a précisé que "Martine Aubry est une amie. Pendant cette période, elle a été très présente et j'y ai été sensible". Mais il ne souhaite pas «s'immiscer dans la primaire ».
Son avenir ? Il va "prendre le temps de réfléchir", n'est "candidat à rien" et va d'abord se reposer et retrouver sa famille et ses amis." Ah bon, se dit-on.
Et d'ajouter : "Mais toute ma vie a été consacrée à essayer d'être utile au bien public... et on verra".
On verra.... La phrase la plus intéressante et de cette interview, très crispée, et dont le contenu est très convenu. Il était invraisemblable qu'il évoque des regrets d'actes commis envers Nafissatou Diallo ou Tristane Banon.... puisqu'il maintient ne rien leur avoir fait. Il ne reste qu'à regretter une faute seulement morale, commise envers ses proches et ceux qui croyaient en lui. Mais ce "on verra", même si l'on va devoir beaucoup attendre avant de voir, ça, c'est fort intéressant...
Comment l'opération de communication va-t-elle se poursuivre ? On verra, nous aussi.

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