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dimanche 26 juin 2011

Le candidat NPA pour la présidentielle, c'est Philippe Poutou


Ça y est, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA), créé en 2009, par Olivier Besancenot, a désigné son candidat pour l'élection présidentielle de 2012.
C'est Philippe Poutou, ouvrier syndiqué du monde automobile, totalement inconnu du grand public. Ainsi en jugent, apparemment, les têtes pensantes du mouvement d'extrême gauche.
Poutou, un vrai nom de président, mais on ne se moque pas, c'est mal.
Quel dommage qu'Olivier Besancenot aie ainsi volontairement disparu des écrans radars... On avait fini par s'y attacher. Remarquable débatteur, infatigable, pertinent... Sa place, dans le paysage politique, reste à prendre. Mélenchon, c'est pas pareil.
Oui, nul n'ignore la noblesse de sa renonciation. Il ne veut pas devenir un professionnel de la politique. Pourtant, Olivier, soyons lucides, tu es fait pour ça. Pourquoi se refuser à ton destin ?
Est-ce l'échec de ton projet de NPA qui te rend si amer ? Pourtant, c'était couru d'avance... Même si le parti s'ouvre plus, on ne peut pas raisonnablement s'imaginer que les Français vont massivement basculer dans le trotskisme militant.  Et puis, des petits partis comme ça, c'est plein d'ego surdimensionnés, guère prêts à accepter les nouveautés, tous persuadés d'être plus purs, plus proches de la vérité que l'autre.
Et c'est bien ce qui s'est passé. Au NPA, s'affrontent le courant de ceux qui veulent - horreur - tendre la main aux autres mouvements de gauche, et les intégristes, qui chérissent l'indépendance. Et Olivier Besancenot est de ceux qui ne transigent pas avec leurs principes. ^soupir^ Voilà ce que c'est que de ne pas transiger, on coule.
Du coup, depuis sa lettre et son refus de se présenter aux présidentielles, Olivier Besancenot se bat pour une candidature purement trotskiste, sans compromission. Le débat a fait éclater la majorité du NPA : la nouvelle majorité, composée (il faut suivre)  des membres les plus révolutionnaires ralliés à des responsables de l’ancienne majorité comme Olivier Besancenot, Sandra Demarq, Alain Krivine ou Christine Poupin s'oppose à une minorité, menée par Pierre-François Grond et l’autre porte-parole Myriam Martin, qui critiquent l'isolement et le repli de la nouvelle majorité et souhaitent la poursuite des discussions avec le Front de gauche.
Pour Frédéric Borras, ex-allié de Besancenot, maintenant dans la partie "minoritaire" favorable au dialogue, «la méthode est de dire : on maintient le dialogue avec les autres partis». En «situation de crise», «il faut être plus souple que trop raide».Damned. De la tactique politicienne. On commence comme ça, et on finit par fouler aux pieds les idéaux.
Pourtant, agacés des raideurs militantes et de la crispation idéologique du NPA, certains l'ont déjà quitté pour se rallier à Mélenchon. Autant dire que la maison est en feu.
Les 9000 militants de février 2009 lors de la transformation de la LCR en NPA ont fondus : il restait 6000 adhérents  au dernier congrès de février et aujourd'hui ils ne sont plus que 3000 votants dans les assemblées préparatoires à cette conférence nationale. Le NPA a échoué à rassembler.
Et voilà donc, en pleine descente, les délégués de la formation d’extrême gauche, redevenus petit parti confidentiel au fonctionnement rétrograde, obliger de désigner samedi soir ou dimanche matin leur candidat à la présidentielle dans ce contexte «compliqué».
En urgence, la nouvelle majorité du NPA s'est trouvé un poulain : Philippe Poutou, 44 ans, réparateur de machines-outils à l’usine Ford de Blanquefort (Gironde).
Hélas ! Les passions intestines minent à ce point la formation politique que ce choix n'est pas totalement consensuel. Le profil ouvrier de Poutou indispose une partie de la direction, qui se voit "faire de la concurrence à Lutte ouvrière". Ah oui. Dans le secteur, si les deux produits sont trop semblables, la confiance du client tend à aller faire celui qui a fait ses preuves.
Mais Christine Poupin, quant à elle, estime qu'il "est tout a fait possible de se rassembler autour d’un candidat". Mieux, selon Libération, Gaël Quirante, un des responsables de la frange la plus révolutionnaire du NPA, estime que "dans une situation où ce qui domine est la crise du capitalisme, c’est très bien qu’une organisation comme la nôtre présente un ouvrier qui a mené des bagarres, un porte-voix d’une catégorie sociale qui souffre avec la crise". Avec l'avantage, de surcroît, de ne pas laisser au FN le monopole de la défense des ouvriers.
On ne dira rien. Non, non, on ne dira rien. On ne tire pas sur l'ambulance.
Le NPA devait être moins sectaire. Plus ouvert. Il devait rassembler la gauche non gouvernementale et guider ses attaques, piques et critiques. Ç'eut été bien. En tout cas, il y avait de l'idée. Cependant, premièrement, on peut dire que l'attitude des militants les plus conservateurs n'a pas permis cette évolution. Mais il faut alors poser une question : était-ce seulement possible ? Un groupe idéologique tel que la LCR pouvait-il se transformer à ce point-là ? Et posons-nous une autre question : le devait-il ? L'objectif n'était-il pas utopique ? Et inutile ?
Quoiqu'il en soit, la première qualité, me semble-t-il, d'un mouvement militant est de se faire entendre ; ce que Besancenot faisait parfaitement. Qu'au nom d'obscures et byzantines stratégies partisanes internes sa voix se soit tue me semble une immense connerie.

Sources : LibérationLe Monde

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